“Abandonner c’est perdre “
Voici ce que je me suis répétée en boucle depuis pas mal de mois. Les JO étaient le rêve d’une vie, mais aussi ma plus grande angoisse depuis que j’ai commencé mon hiver avec cette fracture de fatigue au niveau du genou. Tout s’est très vite enchaîné : reprise de l’entraînement trop vite et trop forte, sans écouter les conseils de mon entraîneur qui me disait de reprendre en douceur. J’ai fais le choix de descendre habiter dans le sud afin de pouvoir rouler dans de meilleures conditions et de rattraper mon retard. De forts problèmes d’allergies se sont fait ressentir au bout de quelques semaines sur place. Puis au bout de quelques semaines d’entraînement je sentais que je n’étais pas moi-même, que le coup de pédale n’était pas le mien. Malgré cela j’ai toujours été sérieuse et studieuse à l’entraînement. Je n’avais jamais fait attention à autant de détails. Mes problèmes d’allergies ne passant pas, abandonnant les premières courses de la saison j’ai été 3 semaines sous antibiotiques. Pas de changement à la fin du traitement. On décide de me mettre sous corticoïdes. Comme la loi contre la lutte contre le dopage le stipule, interdit de prendre part à une compétition pendant 10 jours. 10 jours pendant lesquelles je vais m’entraîner encore plus fort pour perdre encore le moins de temps possible. La fatigue du début de saison, où même si j’ai très peu couru se fait ressentir. Mes douleurs de sciatique ré-apparaissent. Plus du tout de force dans la jambe gauche. Impossible de dépasser les 200 watts et c’est de pire en pire. Chaque entraînement est un calvaire. Je ne peux pas respecter les consignes, les zones d’intensités. Je roule mais à l’allure d’une cyclo touriste. Ma première infiltration lombaire est un échec. Rebelote, 10 jours sans compétition. 3 jours de repos total. Une semaine après, sans aucunes améliorations, nouvelle infiltration au même endroit que la précédente. Pas de changement!
Tous les jours en me réveillant je me dis que c’est un jour de moins vers la plus grosse échéance de ma carrière. Être championne du monde dans les 3 disciplines en 1 an à peut être été la pire chose qui me soit arrivé. Même blessée je travaillais tous les jours plus dur sans baisser les bras. J’abandonnais course après course, en me disant que le sort finirait bien par s’arrêter.
Puis je suis passée par toutes les phases… J’ai pris des décisions qui ont beaucoup fait parlé de moi. Je m’aperçois que les gens sont méchants gratuitement. Qu’ils jugent ta vie sans rien savoir ! J’encaisse…
Début juillet on trouve un traitement qui fonctionne pour mes problèmes de sciatiques au CHU de Besançon. Je vois enfin le bout du tunnel. Je peux désormais m’entraîner comme je le souhaite. J’ai accumulé énormément de retard. Ma sélection pour les JO sur les 2 disciplines est beaucoup critiquée, alors que j’étais la seule française à avoir répondu aux critères de sélection. La course contre la montre est lancée. Je deviens championne de France VTT, je vois une lueur d’espoir.
Chaque semaine je vois que je progresse un peu plus. Je me dis que le timing va été très short, mais que ca peut le faire.
Finalement on ne rattrape jamais vraiment tout son retard, même en étant très sérieuse. Mon corps est meurtri, j’ai du poids en trop alors que je mets tout en place pour réussir à perdre mes kgs.
Ces JO ont été le résultat d’une année de galère.
“Abandonner c’est perdre”, finalement cette phrase conclut bien ce samedi 20 août 2016. Je voulais finir cette course dont j’ai tant rêvé, mais mon corps ne pouvait plus. C’était vraiment impossible pour moi. On abandonne pas les jeux, je le sais, mais là le mal est plus profond. Bien plus profond…
Je suis extrêmement déçue, il n’y a pas de mots pour exprimer cela. Je quitte la course en pleure, et je rentre direct au stand. Je ne pense pas à passer en zone mixte pour expliquer mon abandon aux journalistes, c’est vraiment la dernière chose à laquelle tu penses dans ces moments là.
C’est dur à encaisser depuis samedi. Tout le monde permet de donner son avis, ou de juger. Mais je tenais à m’expliquer.
Je termine ma saison sur un abandon. Je ne sais pas quand je remonterai sur un vélo.
Le vélo était ce que j’aimai le plus faire, mais c’est devenu mon plus grand cauchemar.
Pauline.